Hernie verbale
[illustration : Escher ]
Sur la table d’autopsie
J’observe d’un œil lourd
Les déchets médicaux
D’un esprit torturé
Pendant que se recousent
Les plaies de la pensée
Médication spontanée
Quel mauvais praticien
Qui se prendrait à souhaiter
Pour la beauté du geste
Le regain de la peste
S’agit-il de choisir
Entre (bien) vivre
Et dire ?
Entre la peste
D’une vie trop honnête
Et le cholera
Des songes visqueux de la baba
Quel piètre peintre
Qui n’aurait de couleurs
Qu’entre des doigts tordus par la douleur
En bordure de marais
S’agite un drapeau blanc
Dont la hampe en bouleau
S’arrime au cœur des mots
Quel médiocre maçon
Qui ne saurait bâtir
Que sur des malfaçons
La baba éblouie
Au matin se fige
Je sens peser dans mes membres
L’attente des rêves
Le désespoir de l’aurige
Quel musicien minable
Qui ne saurait composer
Que des arias de souffrance
Et quel pauvre poète
Celui qui n’écrit
Que pris dans la tempête
Faut-il que je choisisse
Entre la noire et la lisse ?
Un soleil de printemps
Projette des réponses
Dans le silence troublant
Des ombres qui renoncent
J'enferme dans le secret
De ma poche à mots
Les jets acides
De mon cerveau.