Torticolis Orphique*
* OU : gamelle, 2 (le 1 étant passé à la trappe de l'autocritique)
illustration : Maria Casarès dans Orphée de Cocteau
Des élans pathétiques m’arrachent à la tiédeur
D’un ventre famélique
Couturé sur mes peurs
J’aligne sous les fenêtres
Quelques oiseaux sans tête
Et je heurte à coup de brise-glace
Des vérités coriaces
Je suis tombée
Et plus rien n’a semblé facile
Plus rien n’était lisible,
Noyée dans un étrange alphabet
Qui me dépossédait
J’ai tenté de me rattraper
A ce qui passait à ma portée
Et c’était noir
Et c’était froid
Épouvantable et douloureux
Et c’était brûlant,
Et c’était tentant
Amer et délicieux
Je suis tombée
Je vois par-dessus mon épaule
Les traces estropiées
De mon dernier rôle
À ma cheville un boulet
Tissé de soies entremêlées
Me tire ou me devance
Et j’essaie de deviner
Le chemin par avance
Je suis une piètre pythie
Un jus saumâtre s’écoule de mes lèvres
Quand je remâche mes fièvres
Je suis tombée
Et aujourd’hui debout
La mémoire de la chute
Me maintient à genoux
Quel poids dans une vie
Que ces années passées à côté,
Dans l’œil d’un cyclone perverti ?
Je ne sais pas trop quoi faire
Des journées en Enfer
On m’a dit qu’il ne fallait
Jamais se retourner
Mais comment ne pas perdre
Ce qui m’a existée
Dans ces tourments glacés ?
[toutes mes excuses à l'association des V.I.M (Verbes Intransitifs Maltraités), j'en use avec parcimonie promis, allez, pour me faire pardonner, je vous mets par dessus une petite citation de l'ami poète aux yeux gris : "Au commencement était le verbe, intransitif et déroutant , venu des profondeurs acerbes et noires des gargarismes d'enfants..." dans "résilience zéro", dernier album Stratégie de l'Inespoir HFT bien sûr, qui d'autre ;) ]