Combustion spontanée
[ une photographie de Viacheslav Potemkin ]
Je me suis consumée au milieu de la nuit
Éclatée dans les fragments d’un rêve au tranchant dur
Je peine à rassembler dans les ombres du lit
Des tessons signifiants
Et les parfums du temps
Mes paupières se révulsent
Sous leurs éclats obscurs
Mon corps est aussi noir et vaste qu’une cokerie
Quand de vieux désirs charbonneux
Brûlent leurs déchets infinis
Des mains brutales s’occupent à extraire
Le minerai de ma chair
Je m’éveille sous les assauts féroces
De sinistres coups de pioche
Les hauts fourneaux du rêve
Fondent sans relâche la matière fripée
De mes réalités
La nuit est le creuset fragile
Où mes songes se calcinent
Dans le vacarme furieux
Des feux derrière mes yeux
Je m’éveille brisée
Les ongles noirs
Fourbue d’avoir nourri sans arrêt la machine
Qui recycle chaque soir
Mes combustions intimes
Ma chair porte les cloques
De mes pas sur les braises
Des voyages nocturnes
Embrassant la fournaise
Malgré moi mes mains se sont serrées
Sur les débris inaltérables
Que la fusion a épargnés
Une roche dure
Au cœur brûlé.
Les Tambours Du Bronx - Big hands.divx.HQ