Des-ire
[illustration : Alice in Wonderland, Norman Z. Mc Leod, 1933 ]
Je porte en creux sous ma poitrine
L’empreinte éparpillée de ma colère
Je ne sais pas quand elle m’a quitté
C’est un mystère
Elle n’est pas fille à laisser sous les mouchoirs
Des mots d’adieux à l’encre noire
Simplement je ne la sens plus enfler la rage
Et cogner affolée
Les barreaux de ma cage
L’herbe est encore piétinée
Où elle se tenait dissimulée
Prête à mordre
À la moindre discorde
Prête à bondir
Pour se nourrir
Ma colère était une hôte avide
Que je peinais à contenir
Mon âme résonne comme une pièce vide
Je découvre chaque jour les traces
De son emprise tenace,
Je n’ai pas oublié
Cette chaleur dans mon sang dans ma chair
Dans mes nerfs
Ce bouillonnement obscur
Que je tentais de maîtriser
Jaillissant en mots durs
Ce tempérament de maudit
Qui fait parler d’abord
Puis regretter
Ce qui est dit
J’essaie enfin de m’appartenir
Et non à ce vampire
Suis-je enfin devenue sage ?
Je l’ignore
Les questions qui traversent mes rêves
Esquissent sur mon corps
De possibles trêves,
D’imprévisibles voyages.