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L'isba de la Baba Yaga
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19 août 2014

Bacchus en Réa

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Les comédiens ont remballé leurs tours, le funambule qui vrillait dans ma tête a plié son ombrelle : la scène est vide après la fête. Un faune bleu s’est oublié sur le parvis de l’église, la foule qui dansait dans la nuit a fondu sous les pavés, la fontaine est tarie.

Me revient en mémoire la pulsation lourde des tambours sur la place, montant à l’assaut de la ville, quand nous buvions aux épousailles improbables des sirènes et des satyres…

La troupe bariolée se déverse au pied des gradins qui peu à peu s’abandonnent, l’hypnose fonctionne, entraînant les spectateurs dans les ruelles. Hommes portant bedaine, femmes aux caftans de laine, enfants trop vieux, leurs ombres sinueuses se perdent entre les murs déformés de la vieille ville. Le cortège absorbe les corps, un reptile facétieux se tord et se glisse dans le passage couvert, contre les murs se déforment les âmes, un spectre gris a pris la tête, ses mains fortes frappent un tempo redoutable, sur son torse se dessinent  des ombres dionysiaques. Ses traits vigoureux sont couverts de cendre, ses yeux sont percés de flammes froides, qu’il pose tour à tour sur les spectatrices qu’il a conquises. À ses côté une femme menue, à la démarche enfantine et aux grelots moqueurs, ensorcelle les mâles de l’assistance. Lorsqu’elle caresse mutine la joue du presque vieillard debout à mes côtés, l’homme sursaute et se recule, défait. Arrêtée dans la nuit, la foule applaudit, innocente et déjà pervertie. Soudain une silhouette seulement à moitié humaine retient dans sa main les tambours, sur un sourire bleu ses lèvres s’étirent, la formation vibre sous son poing ; d’un geste il lance un battement sourd, chacun étonné regarde son voisin, c’est notre cœur malade qui tourne sur la place, nous sommes tous tachycardes , en face de moi un couple s’est perdu, la femme est très jeune et très maigre, elle tient un verre à la main, miraculeuse équilibriste avinée, et tournoie sur elle-même, les bras écartés. Son compagnon pataud à ses côtés semble parti lui aussi, autour d’eux le vide s’est creusé, le chef d’orchestre des Mystères d’un geste accélère leur rotation folle, la foule enfle et reflue comme un seul organe , il n’y a plus que le rythme obsédant des tambours, une aorte gigantesque nourrit les phantasmes de la nuit. L’homme au visage gris éclate d’un rire dans lequel se déversent les rites anciens, d’un bond étonnement léger pour sa corpulence il saute dans la fontaine, déplaçant une gerbe d’eau jusque sur les spectateurs figés, il s’amuse d’un jeu connu de lui seul, autour de lui les danseurs de samba déploient leurs sortilèges, leur maître ouvre les doigts, notre sang s’écoule alors sur les pavés. L’homme sort ruisselant de la fontaine, sa compagne secoue ses clochettes, à ce signal secret la lune qui s’était retirée reprend sa place, l’église dresse à  nouveau sa masse, les bruits familiers de la rue couvrent peu à peu les percussions, les faunes ont abandonnés leur peau d’ombre. Les comédiens saluent  sous les applaudissements du public étourdi, demain nous auront oublié comment nos cœurs ont été pris.

A présent je suis seule à m’émerveiller du silence du jardin, mes veines charrient le sang du quotidien, j’ai nettoyé la cendre sur mes mains. Mais je reste éveillée.

 

Hira-daiko-Kodo Drummers.wmv

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