Le goût de la gerbe
[illustration : Tin Can Forest - collectif d'artistes canadiens ]
C’était facile et le goût des mots que je viens de gerber m’écœure. Il m’est si simple de bagayer toujours sur le même remugle. Des images sans grande originalité suivent le cours du marais, et de mes doigts coulent un verbe enflé. Je voudrais me claquer me saigner m’exploser écrire en sniper verbal mais tout ce qui vient sonne creux
Mais j’aime trop ce goût dans ma bouche
Trois jours que je me vautre dans une noirceur apprivoisée
Car ce qui est dessous ne me vaut rien alors j’ouvre mon sac à vomi et je remplis tout plutôt que voir le vrai fond du désespoir je connais les vieilles stratégies qui jusque-là m’ont réussi vivre moitié ailleurs moitié ici
Rêver
Dehors un ciel sans intérêt, l’herbe alourdie de rosée, les collines en face, bleues : que faire. J’ai cru qu’écrire me légitimerait, en quelque sorte, de ne pas exister.