Ouvrage de dame
Je tricote et je tri-cœur
Un coup entre les côtes
Et même pas peur
Le calembour, le savais-tu mon âme,
Est la paillasse crade
Où le désespoir s’essuie les pieds
Quand la vie est en rade
Il m’a tendu son bras décharné
Il y a déjà quelques années
Et j’y ai planté joyeusement
L’aiguille de mes tourments
J’ai pompé à rebours un sang pâle
Qu’il sera toujours temps de rembourser
Lorsque la lividité cadavérique se sera installée
Le savais-tu mon âme
La métaphore est la valise de l’infâme
Ce matin j’ai tiré le petit banc au soleil
Et je surveille
Le marais enfler sa pourriture
Lendemain de biture
Oh je promets d’être sage
Les yeux crevés derrière mes ray ban
Je mangerai mes orages
J’ai sorti mon petit carnet je compte bien m’y reposer
Fin de charnier
La décharge à vif sous les palétuviers
Le fleuve a rongé le bayou
Je stagne et je reviens te chercher
Mon âme déjantée
J’ai planté le garde-corps
Je veux un garde-fou
Gardien de ma folie car c’est ainsi que je vis
À couteau tiré entre mes phalanges
J’ai sorti le cran d’insécurité
Mon ange
Je ne veux pas me scléroser à nouveau
Sous des couches épaisses des couches de graisses
Mon âme-colère
Mange-la, bois-moi tu grandiras
Laisse laisse-moi sur ta langue
Entre tes lèvres rouler
Mon âme à te pomper
Dans le bois mort un insecte crisse un chant régulier
Laisse-moi t’écraser retourne-moi comme un gant,
Je serai l’envers de ton décor,
Mon âme coffre-fort
Je tricote et je tri-cœur
Mon âme-ascenseur
À mon censeur
Jeu de mot à deux balles
Une dans la tête une dans l’chargeur
Mon âme-sœur