Giboulée
[surreal collages par Sammy Slabbinck]
Un lundi de reprise … la maison s'est vidé, j'ai le casque sur le crâne et je m'accorde quelques instants pour babayaguer... peut-être en avais-je un peu perdu l'habitude. J'ai la nostalgie non pas de la gadoue (quoique, aussi) mais de ces temps révolus où la baba joyeuse et désespérée ici venait se livrer, étaler ses tripes au petit déjeuner en couches généreuses trempées dans le café…allez roule lady ... et les filles des banshees ont renfilé leur jean et filent pointer au petit matin, du sang sur les mains du rien sous les reins
La porte du bureau est refermée derrière j'y ai quelques années de baignoire quelques années bien noires dessinées sur les petits carreaux de mes cahiers rouges quelques années à pagayer lorsque je tapais à l'aventure la tête dans les murs lorsque j'enfonçais les remparts de mais je m'égare hagard agar une pincée de gélifiant dans le chaudron un coup de rame et ça repart la baba est sur le coup chéri viens par ici que je te délaye que je babégaye que je m'égaye les flocons de mars floutent la baie vitrée illusion d'optique ils se reflètent sur le pare-brise de la voiture à l'arrêt et on dirait qu'ils viennent de l'intérieur s'écraser, prisonniers, neige de l'âme qui monte en volute à contre sens cendre des sens rêve de femme piège de l’âme
Ce matin je me suis réveillée avant la machine qui clignote inutile à côté du lit, la maison déjà vibre son début de semaine routinier et je pilote automatique mon café je m’installe devant l’ordinateur quelques bribes de mots surnagent de mon sommeil, rêves vermeils qui lient l’ombre et le verbe je laisse venir je laisse vomir mais je n’ai plus rien à cracher plus rien accroché à mes vertiges impies à mes abîmes fleuris le marais a fini de stagner
Le chien ronfle à mes pieds dehors le brouillard se déchire je remise les rames, je vois à nouveau la colline. La neige d’hier n’a pas mis longtemps à fondre seul reste le souvenir des flocons à contre sens. Absence.
chambre 2023 et des poussières