"Meg fait des confitures"
[illustration trouvée chépluhou sur le net ]
Ça y est, l'été se tire...Une dernière salve de chaleur est prévue cette semaine paraît-il, une dernière occasion de s'assoupir le neurone sur la balancelle, de s'enfumer le cerveau au barbec, de se noyer la gerbe dans des petits verres parfumés, entre ombre et lumière, de s'oublier en forêt. Drôle d'été - enfin drôle n'est pas vraiment le mot, entre effroi collectif et peurs individuelles, angoisses discrètes ou obsolètes, thérapies nouvelles et partagées, anciennes batailles pardonnées...
Alors que je fais le compte de tout ce qui m'angoisse à la rentrée, étonnamment mon corps semble apaisé.
Je ne sursaute plus au moindre pet de moustique, mes rêves se voilent d'oubli pudique, je marche en équilibre sur des voies publiques - pff c'était juste pour la rime en hic, il y a longtemps que je n’ai pas écrit, je suis un peu rouillée, même après 3 cafés…c’est un peu comme si j’étais anesthésiée, vivant à peine au cœur d’une bulle chaude et sucrée.
Ma bouche a un goût de rhubarbe, et je lèche sur mes doigts des saveurs poivrées, bouquets de l’été. J’aimerais pouvoir figer un de ces soir d’été, m&m’s et amitié, le mettre en pot sagement retourné sur le plan de travail de ma cuisine, cueillir une de ces brassées d’insouciance et la stériliser , la conserver, la ranger fièrement sur l’étagère des sentiments, entre mes pots d’abricots et mes gerbes en bocaux. Je sais bien qu’une dizaine de jours à peine nous sépare du chaos, des départs, des au-revoir, des retours des vautours, des changements-pour-toujours. Je sais qu’il faudra à nouveau affronter cette putain aux yeux fardés qu’est la vie, qui vous sourit pour mieux vous baiser. Je sais que mes chagrins reviendront, mes peurs, mes doutes, et mes pulsions.
Ma bouche a un goût de rhubarbe, et je sens sur mes doigts des saveurs carnées, étonnamment je suis en paix.