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L'isba de la Baba Yaga
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20 avril 2016

faux-connerie

Amy_Judd_7

 

* OU : jeu de maux à deux balles

  

Il est encore trop tôt, je me berce de mots dans la petite pièce aux volets toujours fermés,  la lampe du bureau dégoutte sa lumière sur les papiers froissés qui jonchent le vieux canapé. Sur le sol un dictionnaire est ouvert sur une page qui n’existe pas. Des sursauts de conscience battent contre mes tempes, je me cherche de bonnes excuses peut-être pour vriller. Dehors rôdent de terribles nouvelles, la mort a la part belle et je ne ressens rien, je ne suis qu’une âme vide et sans parfum. Je serre contre ma poitrine la vieille couverture pleine de poils de chats, j’essaie de me réchauffer. Entre ses plis ronronne un cauchemar étranger, échos d’une autre vie. Par la porte entrouverte le chien inquiet pointe sa gueule et bave sa tendresse, elle espère qu’une cigarette clandestine me fera sortir de mon antre, mais je n’en ai plus, j’ai fumé la dernière trop vite dans les brumes d’un jour maussade en attendant la pluie.

La nuit m’a laissée saoule, sur mes yeux une taie couleur de ciel cache le monde extérieur.

L’oiseau de proie n’a pas frémi sous l’aiguille qui cousait son regard, toujours il a été apaisé par le noir, posé sur mon bras gauche il attend impassible sous un capuchon de songes qu’on le libère de sa longe, je lui ai volé une plume bigarrée qui pompe mon sang et je me vois écrire sur le papier d'incompréhensibles tourments .

Autour de moi s’agitent des ombres, sublimes et sans nom, elles se cognent contre les murs bleus, leurs cris s’étouffent sur la moquette sale, sans radar elles s’emmêlent dans mes cheveux, je secoue la tête avec force, et je les appelle, encore et encore. Je suis l’appât et j’attends qu’elles veuillent bien de moi, je suis la proie qui espère, je sens sur mon poignet s’enfoncer les serres, le faucon agite sa tête orgueilleuse et je lèche en  maîtresse ténébreuse le poison qui coule de la plaie, puis d’un geste délicat je tire sur le fil qui suturait ses paupières. Décillé il titube et d’un mouvement sec visse dans mon cou son bec fou. L’oiseau déploie des ailes immenses qui voilent un instant l’ampoule de la lampe, obscurité artificielle, ses ailes forcent les murs, ses ailes touchent le ciel, je veux entendre ce qu’il me dit, ignorant la coupure sanguinolente et l’épaisse trace qui creuse un chemin pourpre vers mon cœur. J’ignore la peur.

Lui et moi dessinons sur les meubles plein de poussière une ombre mutante, un corps naissant de femme-oiseau étreinte par un homme-corbeau, je vacille sous ses à-coups et je croasse mes maux, sur le sol un carnet à l’écriture illisible aux pages gribouillées me met en garde, il est impossible de m’envoler car tout est si lourd, je vois en rêve traîner dans le goudron des ailes blanches et j’entends les rires meurtriers éclater sur le port, l’oiseau se débat pour atteindre mon âme, je me suis autrefois abandonnée sous ses coups, puissant il enfle contre mon corps et prend son essor, me laissant à genoux.

 

[illustration : What goes up... Une peinture d'Amy Judd,

d'autres oeuvres ici : http://www.hicksgallery.co.uk/artist/amy-judd/ ]

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