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L'isba de la Baba Yaga
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L'isba de la Baba Yaga
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14 avril 2016

Rushes

d_but_film_LIFE

 

J’ai passé une bonne partie de la journée à babayaguer, à relire d'anciens textes, à regarder de vieilles photos. Sur la petite table du salon un cahier grand format ouvre sur une double page les échos d'une autre vie. Ma fille nouvelle née grimace à l’objectif, en regard une écriture appliquée,  des chiffres de pesée soigneusement notés, les heures des tétées, diversification alimentaire et angoisses de jeune mère. Une vie la mienne. Je feuillette le cahier, je fouille des tiroirs, prise de frénésie j’étale de vieux clichés, scrutant les dates au dos, je fais des recoupements, lieux, moments, projets.

Une vie, la mienne ?

Peu d’images de moi pourtant, je me suis tellement fuie.

Je me retrouve en creux, l'ombre d'une main, un reflet dans vos yeux, une table pour la fête. Des photos des enfants à tous âges, je me cherche dans leurs sourires, dans leurs doutes, dans leurs rires. Je sais que j'y suis. Halo timide et nécessaire.

Les mots, par contre, débordent, invisibles. Il y en a partout mais cachés, sur des clés, des cahiers, des feuilles volantes, au dos de vieilles photocopies, planqués dans des carnets, dans des dossiers sous des mots de passe compliqués, ou livrés sur la Toile, des mots à poil. Les mêmes répétés, classés, chantiers, charniers. On ne sait jamais. Des mots que je ne vous montre pas, démons que je n’assume pas. Si je mourais demain, que feriez-vous  de ce fourbi qui resterait de moi ?

Vous ne me découvririez pas sur une photo mal prise, pas dans le cadre sur la cheminée, pas moi qui évite l'objectif, moi qui tourne la tête, lapin pris dans les phares, pas moi silhouette incomplète, pas moi glacée sur du papier, pas moi sous le buvard.

Mais, si vous vouliez bien me chercher un peu, vous me verriez, vivante, vibrante, dissimulée dans une rime, un son, une phrase mal ponctuée, dans les marges griffonnées, vous me verriez dans le marais, chez la baba, derrière ce monde noir où je me noie, cet univers où je vomis, où j’ai tout dit, la peur, l’amour, la dépression, le feu, et l’abandon, vous me verriez chez moi.

Oseriez-vous pousser la porte de l’isba ?

Vous seriez perdus sans doute, devant ces centaines de textes, format word, classés par date, sous des titres bizarres qui ne vous parleraient pas. Jours de suie, gerbes, blablablas, partages, âmes décroisées, l'isba et le marais...  rien de tout cela ne vous serait familier. Accepteriez-vous de me voir, dans ce fatras acide et noir ?

Ou bien est-ce que je serais l'étrangère, indexée par dates sur l'étagère ?

Chantiers, textes en prose, gerbes, tant et tant de mots vomis de mots honnis de mots désespérés,  mots lus dans le corps, crachés dehors, mots donnés, abandonnés, mots désertion, mots explosion, autodafés ?

Est-ce que vous m'en voudriez de m'être dissimulée ? Y verriez-vous trahison, mépris, déraison ? Folie ?

Quand moi-même je ne sais ce dont il s'agit.

Juste rester en vie.

 

[illustration : tout début du biopic "Life" ]

 

 

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