Gadin morose
[Lucien Lorelle , Nu au papillon, 1953 ]
Je suis une fille plutôt inoffensive,
Vivant à peine,
Catatonie
Sommes-nous tous descendus de nos rêves ?
Des heures perdues
A chevaucher la nuit
Une monture sotte aux yeux crevés
Sans palefrenier
J’ai sur la langue
La saveur de fruits immatures
Poison des mangues
Qui ont pourri
Sommes-nous tous descendus de nos rêves ?
Un pied coincé dans l’étrier
L’autre traînant à terre
Misère
Inaboutie
Un cercueil ouvert en plein milieu du salon
Quand s’éternise la réunion de famille
Des visages qui ne sont pas à leur place
Je pars en vrille
Et le frottement du vieux tissu bleu contre mes cuisses nues
Quand je me blottis à me dissoudre
Dans le casque Jim Morrison dit que c’est la fin
Catalepsie
Sommes-nous tous descendus de nos rêves
Pour vivre ici ?
Est-ce que par hasard
J’ai dans le cœur un dard
Qui pompe des images d’ailleurs
Villes mortes
Lumières artificielles et cris d’hirondelles
Injections fallacieuses
Pour la survie
Des heures vécues sans licol
Cavalière folle
Tombée au bas du bois
Avec l’aube
D’un marchand d’armes qui se renie
Une jambe morte sous lui
Sommes-nous tombés de nos rêves
Catatonie
Comme une étoile dans une flaque de vomi.
The Doors - The End