Compas dans l'oeil
[Picasso, La vie ]
Pressés, embarqués, soumis,
Libérés, repris,
Entravés …
Rêve d’un fleuve et danger.
Un homme est là, penché
Que cherche-t-il à voir,
Dans les reflets du courant brisé?
Je l’envie, je suis lui, je le suis…
Libre aussi ?
Je m’installe
À l’arrière du convoi qui s’emballe,
Je ne maîtrise rien,
Même pas mes désespoirs
Surtout pas
La route à prendre
Et même pas
Les comptes à rendre
J’ai perdu l’astrolabe
Et planté le compas
Sur les terres sèches
D’où l’on ne revient pas
Tant mieux tant pis
Lieu commun,
La vie
Trois lettres à la con
Tant de doutes
Et d’obsessions
Des existences multiples,
Brisures et terres brûlées,
Où l’on se reconstruit ?
J’abandonne les guides
Entre les mains d’un cocher menotté
À ses propres angoisses
Qu’il se refuse à voir
J’abandonne la carte
Entre les mains d’un mouchard aveugle
Esclave d’un GPS intégré
Qui trace docile
Nos errances imbéciles
Suis- je en train d’abdiquer
Devant la télé qui beugle
Ses rêves édulcorés ?
Car il est moins terrifiant
De se laisser porter
Au milieu du fleuve
La barque est amarrée,
Prête à chavirer
Elle m’attend pour traverser
Le passeur était de mes amis,
Mais l’obole a calciné ma paume
Et l’escapade est finie.
Peut-être cet homme penché sur les flots
L’a-t-il jetée dans l’eau,
Avec un peu de courage
Je pourrais passer à la nage.