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L'isba de la Baba Yaga
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6 septembre 2014

595 maux et quelques ratures

 

Million_Dollar_baby_fight

[illustration tirée de "Million Dollar Baby"]

 

Je porte encore les traces de la lutte,  la camisole étroite force mon âme, ma main n’a pas tremblé devant la flamme - cendres et servitude.

J’ai réclamé des comptes, tracé des lignes d’hébétude, me dénudant sans honte, moi qui étais si prude. Un tissu cicatriciel marque encore ma chair en lignes vives je me souviens du plaisir à cet endroit tendre où tu glissais le scalpel lorsque j’ai su m’ouvrir, je me souviens de la colère lorsque je planifiais la maîtrise, je me suis privée d’air, asphyxie bien acquise. Mais des coups de burin ont brisé mon sarcophage, et je tiens à deux mains le marteau de la rage, j’ai cogné au hasard, brisant les murs porteurs et les cloisons si solides qu’une vie tenait sous leurs pierres vides, j’ai léché sous ton regard le goût de la douleur et je n’ai plus eu peur. En ouvrant des plaies ignorées j’ai contacté l’inconnu, je me suis brisée, sensible et mise à nu puis je me suis trouvée sur l’éclat des tessons, un sang nouveau et vif, brillant sans la Raison, j’ai sucé sur mes doigts la saveur métallique des songes exotiques, accueillante avec ferveur, je me suis soumise avec bonheur , je n’avais jamais su lâcher la bride, peu importe comment je m’y suis prise, à présent mon âme est avide, je ne veux pas reconstruire les barrières d’autrefois, je veux entretenir ma chair et mes émois.

 Mais je suis encore trop forte sur le ring et mon esprit se fatigue à la lutte, je m’épouvante à l’idée de gagner la bataille, de m’abriter à nouveau sous la butte où reposent mes failles, je ne comprends toujours pas qui est k-o dans ce combat, forfait déclaré par abandon, je saigne dans les cordes, je frappe à présent dans le vide devant un corps immatériel, la nuit abandonne la partie,

une telle tristesse, et les sanglots du ciel,  je me retrouve  à genoux devant un caveau dont j’ignore la profondeur, perte et détresse, j’entends à nouveau ricaner la Raison, elle me tend la pioche et la pelle, moquant ce qui me hante en déni criminel. Je résiste comme je peux, mes mots sont les écarteurs de la plaie sous tes yeux.

 

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