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L'isba de la Baba Yaga
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L'isba de la Baba Yaga
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8 juin 2014

Murs trop aimés

 

maison_fantome_LVEG_crop1

 

Photographie : "la maison fantôme", Patrice Mainguy - avec l'autorisation de l'auteur

 http://vue-en-gris.net/

et sur http://www.lavieengris.com/?p=26213

J'ai dans les doigts quelque chose qui ne vient pas.

-comment se fait-il que je ne passe plus une seule de mes nuits chez moi? Chaque songe m'embarque dans les maisons du passé, et au réveil j'en ramène un souvenir oublié : par exemple que le volet de droite de la chambre du haut ne pouvait s'ouvrir en plein à cause de la balustrade. Dans ma main droite depuis cette nuit-là, le glissement rugueux de la paume sur la peinture écaillée et dans ma rétine le rouge du volet.

Qu'il y avait des chaises cannées : j’ai sous la lèvre  une petite cicatrice, laissée par le bord abîmé du siège au travers duquel j’étais passée, petite. Mon corps est marqué, mais le nom et  l’objet avaient disparu de ma mémoire, complètement oubliés, car pourquoi s’encombrer… ils sont revenus l’autre nuit, et semblent déterminés à rester.

J’ai dans les doigts quelque chose qui ne vient pas.

Quelque chose en rapport avec l'isba, le deuil jamais fait, quelque chose en rapport avec moi.

Comment se fait-il que la maison se  ranime ainsi dans ma tête ?

La forêt autour m’a toujours été l’abri, mais il m’arrive à présent de la trouver menaçante. Et tellement attirante.

-  aux murs droits d’aujourd’hui et aux volets automatisés  se superposent d’autres murs, d’autres sons, d’autres odeurs. Il y a les voix que je n’entendrai jamais plus car ceux qui les habitaient sont morts et reposent dans le petit cimetière protestant derrière la maison. Étrangement je ne rêve jamais des endroits qui sont restés les mêmes (les bois, le chemin, le cimetière) mais de ceux qui ont changé. Comme si sur le dos de mes songes un jockey fou tirait les reines vers le passé. Ma bouche souffre sous le mors.

J’ai dans les doigts le projet que j’ai eu lorsque la maison a disparu, de montrer, de conserver de raconter de garder à l’identique, les êtres, les murs. Lutte absurde.

Ils sont morts, ceux que j’aimais, et les murs sont tombés. Certains arbres ont été conservés mais on a abattu le grand frêne sur lequel chaque été le chat se coinçait. Pareil pour les sapins derrière le garage, sombre barrage qui faisait de moi une heidi aux petits pains. Eux sont morts, nous sommes restés, et la maison s’est adaptée, s’est libérée enfin du carcan d’une génération figée. J’ai construit aussi, et j’ai transmis à mes enfants l’attachement à l’isba.

Fallait-il ?

Pourquoi aujourd’hui, lorsque je me cherche, la maison vient-elle me réclamer chaque nuit ?

J’ai dans les doigts quelque chose qui ne vient pas. Quelque chose qui ne va pas.

Des attachements sans doute trop forts, des deuils jamais faits, des voix si chères refusées.

Des murs trop aimés.

 

 

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Commentaires
B
oh.... merci pour tes mots, j'adore !!! je commençais justement à me dire que c'était pas une si bonne idée....<br /> <br /> c'est drôle j'ai posté ce texte sans voir qu'il y avait comme un écho avec le déménagement de l'isba, c'est en lisant tes mots que cela me frappe. cela lui donne un sens un peu différent.<br /> <br /> tiens, je vais mettre un peu de musique, aller planquer le carton- ce qu'il en reste ! - au grenier, pas l'intention de repartir déjà.
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M
Assise sur un carton de livres, le dernier copain enfin parti, elle laisse retomber la pression, observe comment tombe la poussière. Il y a comme un écho parcourant les murs, un murmure, une agitation fantôme de gens qui rient et suent, râlent et soufflent, poussent et soupèsent. A présent, les fesses sur son carton, la poussière au sol, les muscles tétanisés et le silence revenu, elle prend l'entière mesure de cette transition : chez elle mais pas chez elle. Assise sur son carton, elle goûte le vide immense des quelques murs blancs qui l'entourent. L'angoisse commence à monter : je suis seule dans ce vide intersidéral, je ne reconnais rien, je ne suis pas chez moi. Fatigue et perte de repères lui attaquent le cerveau comme à l'acide, et le carton sous ses fesses cède sous le poids. Un carton qu'elle avait vidé déjà, un carton qui a tenu tant qu'il a pu. Les fesses par terre, elle pleure et rie ; les fesses par terre, elle reconstruit.<br /> <br /> <br /> <br /> March Hare
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